CHAPITRE 5 - CHRONIQUE DE BOURGTHEROULDE - suite

Le 25, Proclamation de l'Acte Constitutionnel de la France. Des réjouissances sont ordonnées par décret de l'Assemblée Nationale du 15 septembre. La constitution française acceptée par le roi sera solennellement proclamée le dimanche suivant : grande messe solennelle annoncée le samedi par le son du clocher et de la caisse. La Constitution sera lue sur la place du marché au bled où un feu sera allumé en présence de la Garde Nationale, du public… Un Te Deum sera chanté. Il est ordonné aux habitants d'illuminer leurs maisons, bâtiments et portes donnant sur le Pavé de Bourgtheroulde de six heures du soir à deux heures du matin. Des procès-verbaux seront infligés aux non allumeurs. Un avis sera placardé et affiché. Le 29, il est constaté que le bourg est exposé à un grand incendie par négligence de ramonage de cheminée. Le 2 novembre, Igouf constate que le boucher Coulbeuf s'est permis de faire griller un porc dans un bâtiment en chaume au risque de déclencher un incendie. Coulbeuf paie 5 livres d'amende. Le 15, les cheminées sont visitées. Pierre Louis Carité, garde messier, est nommé commissaire pour cette inspection et prête serment. Le 20 novembre, Langlois, charron, est chargé par adjudication de la perception et du recouvrement des contributions pour 1791. Le 21, des malveillants, ennemis de la tranquillité générale et la Révolution, lancent des injures aux officiers municipaux et provoquent des émeutes dans le bourg. Harel et Dévé sont habilités pour recevoir les dénonciations et juger.

Le 3 décembre, Couette et sa femme Marie Antor, originaires de La Fresnay en Caux, ont l'autorisation de s'installer comme boulangers avec leurs trois enfants. Le 21, Couette, dont la patente n'a pas été vérifiée, est interdit d'exercer son métier jusqu'à vérification. Le 22, Hazé (*Duhazé) est nommé garde de la forêt de La Londe, devenue forêt nationale. Il est assisté de Pillon pour les perquisitions dans Bourgtheroulde. Le 27, Bussy et Cacherat dénoncent les abus des pouvoirs aristocratiques : fossés creusés sur l'ordre du marquis de La Londe évoqués. Ils espèrent du procureur de la République que la halle de la poissonnerie sera démolie (*ce qui fut fait en 1794).

1792 – Le 14 janvier, nouvelle affaire Delangle qui lance des injures à Louis Carité, ayant sur son épaule gauche le chaperon aux trois couleurs de la Nation, à propos de deux chevaux sellés non attachés auprès de la halle aux blés. Delangle, sa femme et Ygouf sont invités à comparaître pour injures. Le 30, Delangle est condamné à une peine de prison. Il promet de s'assagir et paie 12 livres d'amende. Le 7 février, des abus sur les foires et marchés sont observés. Les poids et mesures sont remis à la maison commune pour vérification. Le François, perruquier, insulte la municipalité. Injures rapportées par Boismare, officier municipal. Le pain manque car le blé augmente. Du pain est vendu illégalement par des habitants de Petit-Couronne et La Bouille le 3 mars. Le 28, autre affaire Delangle. Pierre Louis Carité entend des coups de fusil ou de pistolet provenant de chez le cafetier. Mme Delangle profère des injures. Le couple est invité à comparaître le samedi suivant.  Le 8 mars, des troubles sont signalés au Neubourg où ont lieu des attroupements. La halle aux blés de Bourgtheroulde est gardée par la Garde Nationale. Leclerc est nommé le 9 mars pour le parcage des bestiaux divaguant et prête serment. Le secrétaire Bataille n'exerce plus ses fonctions depuis le 22 février. Louis Boutin, maître écrivain, est élu. Il prête serment et est tenu au secret. Son salaire est de 120 livres par an. Le 10, le procureur de la République est absent. Le 24, Delangle est condamné à 50 livres d'amende, mais une demande d'annulation est formulée par défaut de jurisprudence : convoqué le 10, le procureur étant absent, il ne peut être jugé deux fois. La condamnation est ramenée à 12 livres. En mai, la filature de coton a considérablement diminué. Les pauvres valides sont sans travail.

            Le 19, une grande messe est célébrée  en l'honneur du culte de l'Etre Suprême par l'évêque de l'Eure en présence de cent cinquante fusiliers pour maintenir l'ordre. Les propriétaires ont été priés de répandre de la « pavée » (*cailloux concassés utilisés pour revêtir le sol et boucher les ornières) de la porte des marchands à la maison de la Poste (*relais de poste aux chevaux, situé à l'endroit de l'actuelle auberge « La Corne d'Abondance »). Les propriétaires de la porte des marchands au moulin de Bourgtheroulde situé chemin d'Elbeuf rempliront les ornières et aplaniront les chemins. Les sommes collectées dans l'église pendant la messe du 19 mai par Melles Fouquet, Peuffier, Dévé et Lequene seront versées à Dain pour être distribuées aux pauvres. En réalité, les sommes quêtées sont données au curé de Saint Ouen de Thuit-Heudebert (*Saint Ouen du Tilleul). Le corps municipal décide que l'argent sera remis à Dain. Les demoiselles qui refusent sont menacées d'être condamnées à verser 100 livres conjointement à Dain pour les pauvres de la commune. Ces quatre jeunes filles ont été trompées par les raisonnements des ennemis du genre humain. Trois sont désabusées par les réflexions de leurs parents. Melle Peuffier, mineure et fille de chirurgien, refuse de donner le produit de sa quête et est bien décidée à le garder.  Il lui est désormais interdit de quêter. Le 11 août, Melles Jouanne, Quesné, Savouret et Harel son nommées chacune pour quêter pendant un trimestre qui commencera le lendemain de la fête de saint Laurent.entre le 7 juillet et le 11 octobre.

             Le 8 juillet la Patrie est proclamée en danger. Un fonctionnaire public ne peut s'éloigner de son poste. Tout citoyen en état de porter les armes sert dans la Garde Nationale (décret du 4 mai). Quand un décret déclarera que la Patrie n'est plus en danger, la grosse cloche de l'église sera sonnée que de la réquisition de la municipalité. Les gardes nationales sont tenus de venir en armes. Il est fait obligation aux citoyens de porter la cocarde. Sans cette dernière ou autre, le citoyen contrevenant sera amené à la municipalité. La délibération est lue à la grand messe et affichée. Le 5 août, nomination de Eudeline fusilier du bataillon de la Garde Nationale, Dehors commandant, Mutel sous commandant. Ils porteront la bannière de la Fédération. Le 2 septembre, la diminution du blé est annoncée au son de la clochette. Marie Anne Larcier, épouse Perdrix, d'Infreville, apporte à la municipalité un pain payé trop cher chez le boulanger Tassel qui est cité à comparaître. Le 30 septembre, le boulanger Torton vend un pain trop cher à la Garde Nationale. Il est aussi cité à comparaître et est condamné le 5 octobre à six livres d'amende pour les pauvres. Le 7 octobre, Cauvin présente la récolte de vingt-trois sacs de blé. Le 11 octobre, il est demandé d'approvisionner la halle aux blés. Le 6 novembre, des boulangers cuisent du pain blanc alors que le peuple manque de pain. Le 10, les halles sont surchargées de marchandises : les boulangers ne peuvent approvisionner leurs boutiques mais sont obligés de fournir du pain de bonne qualité… Le 18, quatre fusiliers escortent la distribution du pain. Le 24, conflit entre deux boulangers sous la halle, le prix du blé a augmenté. Le 1er octobre, des habitants tiennent des propos déshonorants à l'égard de la Garde Nationale. Insultes et mauvais traitements provoquent des troubles.

Le 16 octobre, Peuffier, élu maire, prête serment. Boutin est admis à continuer ses fonctions de greffier. Dain est nommé trésorier.

 Le 28, Renault, commandant du  3ème bataillon de la Légion du Nord conduit l'abbé de Berville dans la maison d'arrêt de Bourgtheroulde sur ordre de Martel, capitaine de la gendarmerie de Pont-Audemer. Le 29, des étrangers se permettent de vendre dans le village du pain de mauvaise qualité, du bois, de la chandelle, de la paille pour lit de camp, une guérite et de la cire à cacheter. Un changement est fait à la matrice du rôle de la contribution foncière. En 1791, il a été oublié une portion de la forêt domaniale dite vulgairement forêt de La Londe : vallée, triège et ferme de Saint-Nicolas. Cette ferme a été attribuée à La Londe. Elle reviendra dans le patrimoine de Bourgtheroulde. Le 1er décembre, Délangle, commandant de la 4ème compagnie de Bourgtheroulde de la région Nord et Roussel sous-lieutenant, ont inutilement commandé un sergent, deux caporaux et vingt-sept fusiliers.

Le 2 décembre, Peuffier est réélu maire.

Prosper Langlois est nommé percepteur des contributions et autres pour 1792.

1793 - Le 19 janvier, Guillaume Duhazé, François Alix et André Delamare, gardes forestiers de la forêt nationale, déclarent les dégâts perpétrés par des délinquants. Ils demandent que leur soit accordée une garde suffisante pour les escorter. Le commandant de la Garde Nationale est tenu de fournir douze hommes pour leur prêter main forte. Le 27, il est mentionné que les séances du conseil municipal se tiennent chez Legras. Le 3 février, un certificat civique est accordé au citoyen Pourpoint, notaire, qui ne peut sans cela exercer ses fonctions.  Le 10 mars, un avertissement est donné aux poissonniers qui exposent au-delà de la halle autorisée. Ils mettent en danger le public qui risque d'être écrasé par les voitures. Défense est faite de vendre en dehors de la halle.

Une délibération du Conseil Général du département de l'Eure du 5 mars a fixé le prix du blé froment. La classe indigente a droit à la sollicitude de la municipalité. Défense est faite aux boulangers de vendre leur pain plus de trois sols la livre sous peine d'amende de trois cents livres. Le 2 juin, les grains et farines sont vérifiés. Suite à des dénonciations, il y a des visites domiciliaires effectuées par le commissaire de recensement assisté de douze hommes de garde. Le 7 juin, deux commissaires, accompagnés du greffier, sont nommés pour opérer des visites chez les boulangers. Le 15 juin, le corps municipal, assemblé en tribunal de police, autorise après remontrance aux boulangers, de vendre trente-quatre sols le pain de douze livres. Le 3 octobre, certains boulangers se permettent de vendre la tourte de pain de bonne qualité jusqu'à trente-neuf sols. Il est interdit de vendre la tourte de douze livres au-delà de trente-six sols. La qualité du blé exposé sur le marché est contrôlée par Etard et Lejeune. Le 13 octobre, les cultivateurs occupant les fermes des émigrés refusent de livrer leur blé. Le Directoire de Pont-Audemer exige que ce blé soit versé dans les magasins nationaux. Le conseil municipal remet les noms des cultivateurs qui occupent ces biens.

Le 13 juin, Jacques Philippe Boutigny, laboureur de 54 ans demeurant à Infreville, demande un certificat de civisme. Boutigny habite un corps de ferme appartenant au sieur Louis Paul Le Cordier soupçonné d'émigration. Le 18 septembre, un nouveau certificat de civisme lui est délivré dans lequel il est indiqué que Louis Paul Le Cordier est soupçonné d'émigration ou émigré depuis cinq ans.

             Délibération du 12 juillet : le dimanche 15 aura lieu avec solennité l'Acte Constitutionnel : 1) Publications à l'issue des vêpres - 2) Garde Nationale convoquée - 3) La bannière fédérative et le drapeau tricolore seront déployés et portés par la Garde. Une pique surmontée d'un bonnet de la Liberté à laquelle sera attaché l'Acte Constitutionnel précèdera le corps municipal - 4) La lecture de l'Acte sera faite aux différentes places publiques. Le cortège se rendra à l'église où il sera donnée la lecture de la Convention aux Français. Un Te Deum sera chanté ainsi que le Domine Salvan Fac Genem. Le tout au son des cloches - 5) Exécution du présent arrêté : les citoyens sont requis. Les absents seront suspectés d'incivisme. Les copies seront affichées samedi et dimanche aux lieux accoutumés.

Le 7 août, la lecture de l'arrêté du district de Pont Audemer est donnée -  Plan du samedi 10 : « I -Un Autel de la Patrie sera surélevé au pied de l'arbre de la Liberté de la place du Jardinet. Sur ce même lieu, un bûcher surmonté du chapeau, servant anciennement à la garde dite de saint Laurent, reste de l'ancienne fondation, sera pareillement dressé. II – Ce brasier servira à consumer : 1)le vieux signe de notre esclavage – 2) tous les aveux que les cy-devants sont invités à déposer sur l'Autel de la Patrie – 3) Tous les ouvrages libertaires que la municipalité a pu se procurer.

La marche commencera à midi à partir de l'église où un Te Deum sera entonné en action de grâce de ce que l'Acte Constitutionnel a généralement été accepté par la Nation Française. La force armée du canton, décorée de ses drapeaux, marchera au son des tambours, sur deux colonnes, vers l'Autel de la Patrie, qu'elle entourera, ainsi que le bûcher. La municipalité, précédée de l'Acte Constitutionnel, marchera dans le centre et le cortège se rendra à l'Autel de la Patrie où le maire du lieu, après avoir brûlé de l'encens en l'honneur de la Liberté, prononcera au nom de tous le serment de maintenir la Liberté, l'Egalité, la Sûreté de toutes les personnes, des propriétés, l'Unité et l'Indivisibilité de la République. A quoi chacun répétera : Je le jure ! On entonnera ensuite un cantique en l'honneur de l'Acte Constitutionnel. Après quoi on mettra le feu au bûcher, qui, brûlant en l'honneur de la Liberté Républicaine, doit consumer les restes de l'ancienne féodalité et les traces du fédéralisme. Les habitants illumineront le bourg dès neuf heures sous peine d'amende. Une invitation écrite sera adressée par le maire aux commandants des bataillons du canton : présence de drapeaux, tambours et le plus d'hommes possible. Les officiers municipaux porteront leur écharpe. Déclaration affichée et annoncée au son de la cloche. 

 Le 18, il est décidé que l'assemblée de la municipalité se tiendra tous les dimanches.

Le 22, convocation des maires des dix-sept communes du canton à la suite de la requête du garde messier du Directoire en date du 13. Les maires présents conviennent, sauf quelques-uns, de donner 12 livres par an au garde messier. Ce qui est estimé très modique.

            Le 28 septembre, Balleroy juge de paix à Elbeuf et Désiré Marizon procureur d'Elbeuf, nommés par les représentants du peuple dans les départements de la Seine-Inférieure et circonvoisins pour l'approvisionnement des marchés d'Elbeuf, suivant leurs pouvoirs du 8 septembre concernant les marchés et villes des deux départements, opèrent des réquisitions de grains dans plusieurs communes du Roumois. Bourgtheroulde et Bosc Roger empêchent l'arrivée des grains. Elbeuf envoie un piquet de gardes nationales pour assurer la protection des laboureurs. A Bourgtheroulde, la foule attroupée s'oppose dès huit heures à la marche des subsistances requises et par voie de faits au passage des grains, se jette sur les gardes, en terrasse plus d'un, les désarme et confisque leurs armes. Les officiers municipaux excitent la foule à faire violence, sauf le maire qui remontre à la foule qu'elle doit laisser passer les grains. On menace de sonner le tocsin. Les commissaires d'Elbeuf font des vérifications : les hommes du piquet désarmés, blessés, maltraités avec effusion de sang, se sont transportés à la maison commune pour faire valoir leurs droits. L'arrêté des administrateurs du district de Pont-Audemer en date du 25 septembre est sans effet contre l'arrêté des représentants du peuple. Le prétexte de cet arrêté est frivole. Le Roumois est bien compris dans l'arrondissement provisoire. Les commissaires demandent de faire connaître les coupables. Balleroy rédige un acte dans la maison commune : devant la porte, la foule tient des propos séditieux, dont Léonard Savouret, Louis Thorel et Dugard. Les officiers municipaux de Bourgtheroulde répondent que le blé est passé sans aucune escorte alors que les habitants de Bosc Roger et la Londe ont forcé les cultivateurs. Ce n'est que lorsque on est venu leur dire dans la chambre commune où ils étaient assemblés pour la corporation de la halle que les gardes d'Elbeuf avaient planté un piquet dans la halle, frappaient et maltraitaient les citoyens, avaient chargé leurs armes… ils avaient arrêté l'un d'eux qui allait percer une femme d'un coup de baïonnette. Ceci dans le seul et unique but de s'opposer à un grand malheur. L'imprudence a donné lieu à l'émeute. La garde aurait dû accompagner les grains plutôt que d'influencer la halle de Bourgtheroulde. Balleroy somme le maire de dissiper la foule par la force. Le maire harangue la foule mais n'obtient que propos et clameurs. Le 3 octobre, Morizon et Balleroy d'Elbeuf demandent la protection de la municipalité pour obtenir les subsistances refusées par les cultivateurs. Ils requièrent le logement et la nourriture ainsi que le fourrage des chevaux d'artillerie. Balleroy dépose une plainte dans les mains du greffier du juge de paix contre Etard. Le corps municipal décrète que Claude Lequesne, officier municipal, sera chargé de la conduite de vingt-trois citoyens mis en réquisition des subsistances. Etard et Lejeune sont nommés pour contrôler la qualité des blés exposés au marché.

Le 29 septembre, Leclerc officier municipal député et Devé notable sont désignés pour aller à Pont Audemer demander un ordre tendant à faire vider les mains concernant les sommes perçues par la municipalité et faire rendre compte au percepteur des impositions des sommes qu'il a pu toucher de la commune. La loi du 29 septembre fixe le maximum des salaires, gages, main d'œuvre et journée de travail au même taux qu'en 1790 : 10 sols par jour. Le 2 octobre, le Directoire de Pont-Audemer demande l'estimation des biens de l'émigré Le Cordier. Deux commissaires sont nommés : Pierre Leclerc et Pierre Ecorcheville. Le 3 octobre, Pierre André Braquehais, greffier de justice, reconnaît que Peuffier, maire de Bourgtheroulde, lui a remis une dénonciation dirigée contre Etard, officier municipal. Etard a tenu des propos séditieux devant l'auberge de Decaux. La veuve Osmont confirme. Certains boulangers se sont permis de vendre la tourte de pain de bonne qualité 39 sols alors que le prix a été fixé à 36 sols. Le 13 octobre, l'administrateur du Directoire de Pont-Audemer demande que le blé soit versé dans les magasins nationaux. Ce blé est refusé par les cultivateurs occupant les fermes d'émigrés. Patin récupère sa charge de syndic militaire. Les querelles avec Marcotte et les habitants, qu'il ne favorise pas lors des étapes des troupes, reprennent. L'intendant ordonne que soit établi un état des logements pour soldats. Trois amis de Patin dressent un tableau que l'intendant ne juge pas équitable. Patin est sommé de produire de nouvelles indications proches de la réalité. Patin reporte sa haine sur le successeur de Marcotte : Pourpoint. Six cents soldats sont mentionnés faisant étape dans Bourgtheroulde. Patin en loge plus qu'il n'est légal chez Pourpoint qui porte réclamation.

En 1781, l'atelier de charité, nouvellement créé pour aider les ouvriers sans travail, participe à la construction de la grande route de Brionne. Le chantier est arrêté. Les officiers des eaux et forêts interdisent le prélèvement de grès, pierres, cailloux dans les carrières de Saint Martin et de la côte des Rouges situées à Infreville et Saint Ouen. Lafosse, maître des travaux, malgré ses suppliques, ne peut les assurer. Les ouvriers n'ont plus d'ouvrage et retrouvent la misère. Le 29 décembre, l'intendant reconnaît que les officiers des forêts sont en droit de poursuivre l'entrepreneur, mais ne peuvent empêcher la construction de la route.

En 1787 sont mis en place les premiers conseils municipaux. Les syndics sont à leur tête. Le bourg est habité par 800 personnes et produit de la mercerie. Femmes et enfants filent le coton et la laine destinés aux fabriques de Rouen et d'Elbeuf.

Il n'y a pas de maréchaussée à Bourgtheroulde avant la Révolution. Il existe deux brigades pour le bailliage à Pont Audemer et Bourg Achard. Une troisième était installée à Cormeilles au milieu du 18ème siècle et fut supprimée en 1778.

 

Les registres des délibérations du conseil municipal sont conservés en mairie de Bourgtheroulde. Il a semblé plus honnête de transcrire les faits et leurs conséquences en suivant la chronologie des séances des conseils municipaux à partir du 21 février 1790, date à laquelle est enregistrée la première réunion connue. Ce qui peut paraître fastidieux à la lecture mais est conforme à la réalité

 

.En 1789, une assemblée a lieu au bailliage de Pont Audemer. Deux délégués du Tiers-Etat sont désignés : Pourpoint, notaire, et Jacques Mullot. Le clergé est représenté par Lamboise, Thubeuf, De Penneville, le curé doyen de la collégiale et les chanoines pour leur communauté.  Pour la noblesse : Louis Paul Le Cordier de Bigards représentant sa baronnie et ses fiefs, membre d'une majorité appelée « les cent quarante » qui ne veut céder aucuns de ses droits, aucunes de ses prérogatives. Par la suite Le Cordier de Bigards, devenu libéral, est membre des « cent six » et fait le noble sacrifice de ses prérogatives, droits et privilèges seigneuriaux. Ce qui n'empêche pas une rumeur de se propager : le marquis fait du trafic de grains ! Ce qu'il récuse en proposant de faire visiter ses bâtiments, offre 100 louis de récompense à celui qui dénoncerait les marchands et blatiers (marchands de blé) qui auraient travaillé pour son compte. Il est désigné comme ennemi du peuple. Il émigre.

Le 27 juillet des troubles éclatent à Rouen. Des bruits courent qu'une troupe d'étrangers malfaisants sortis de la capitale ont porté le pillage dans les campagnes et les marchés du Roumois.

 



12/04/2010
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