CHAPITRE 6 - LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

 

Le calendrier révolutionnaire prend effet le 22 septembre 1793 à minuit, date de la proclamation de la République et de l'équinoxe d'automne. Il remplace le calendrier grégorien instauré par le pape Grégoire XIII. L'année comprend douze mois de trente jours complétés par cinq jours complémentaires baptisés Sans-Culottides et un sixième pour les années bissextiles. Chaque mois est divisé en trois décades. Le dimanche est supprimé et remplacé par le jour de décadi (dixième jour) où on se repose. Le calendrier révolutionnaire est rédigé par Fabre d'Eglantine, auteur de la chanson Il pleut, il pleut bergère. Les saints sont remplacés par des noms de fleurs, fruits, arbres.

 

Les Thérouldebourgeois sont peu enclins à les utiliser. Cependant, des parents « révolutionnaires » donnent à leurs rejetons des prénoms à la mode : Cincinnatus naît le 5 floréal an II (1794), Paul Nivos est déclaré le 1er nivôse an III (1794), Fébrurie Adélaïde voit le jour le 2 prairial an VII (1799)... Un père réactionnaire, ou inconscient, déclare une petite Marie Antoinette le 10 brumaire an VII (1798). La reine portant ce prénom a été guillotinée en 1793… A Infreville, Marianne Désirée est déclarée par son père le 7mars 1793. Plusieurs Espérance voient le jour…

 

Le calendrier révolutionnaire est supprimé définitivement le 9 septembre 1805 (décret du 22 fructidor an XIII). Le calendrier grégorien est rétabli le 1er janvier 1806.

 

1790 - Le 21 février, M. Pourpoint, notaire, est maire, Tubeuf prêtre curé secrétaire et Cauvin procureur. Un détail estimatif de la cure de Bourgtheroulde ainsi que l'état des terres et rentes de la collégiale est établi et présenté au marquis de La Londe. Le 1er mars, des meuniers et boulangers se permettent d'entrer les premiers dans la halle aux grains et font leurs provisions sans rien laisser au peuple. A la suite de plaintes, les boulangers, meuniers, et bladiers (*marchands de grains) ne seront autorisés à entrer dans la halle qu'à dix heures et demie après les six coups de sonnette. Le 15 avril, Cauvin, procureur de la commune, mentionne que des fossés faits par des particuliers, sur les ordres du marquis de La Londe, barrent la totalité du champ de foire, les chemins accédant à l'église par derrière les halles poissonnières et autres venant d'Infreville et autres lieux à la chaussée royale. La foire de la saint Marc a lieu le 25 avril. Le président de La Londe et ses ayeux ont donné à la communauté des preuves de sa grande protection. M. de La Londe prétend qu'étant propriétaire du champ de foire, il peut l'enclore de fossés en laissant l'accès par la rue le l'église. Ce qui ne peut qu'amener un soulèvement dont les suites pourraient devenir funestes à la suite de clameurs publiques et réclamations particulières. Une conciliation est demandée à M. de La Londe. Il doit faire des sacrifices plutôt que de causer le plus léger préjudice à ses vassaux. Les fossés devront être comblés depuis l'école jusqu'à la cour de M. de La Londe, appelée cour du vieux presbytère. Le marquis autorise la tenue de la foire pour un an par une lettre datée du 16 avril. Un décret de l'Assemblée Nationale interdit de percevoir les droits en sa possession. Les marchands et acheteurs refusent de payer l'ancien droit de coutume, mais doivent s'y résoudre, la déclaration royale du 12 mars 1752 n'étant pas abrogée. En mai, le prix du blé augmente. Le boulanger Lebourg affirme ne pouvoir continuer son état. Il n'y a plus de pain. Lebourg est accusé d'avoir malicieusement dépavé son four. La plainte est fondée après vérification. Lebourg doit remettre son four en état et cuire sous peine de poursuites. Fin mai, Leblond de Thuit-Hébert se jette sur les sacs de blé de Boutigny d'Infreville avant l'ouverture de la halle et menace des personnes. Il y a toujours pénurie de blé et des demandes d'aide sont faites à Rouen. Le 10 juin, défense est faite aux cabaretiers, cafetiers et aubergistes de donner des boissons pendant l'office et après dix heures du soir. Pas de jeux pendant l'office, et de nuit. Les chevaux et bourriques seront attachés face au pavé du roi. Les habitants doivent nettoyer devant leur porte, ce qu'ils ne font pas. Les marchands s'installent anarchiquement. Les propriétaires négligent l'entretien des chemins, construisent des fossés, plantent des arbres et des haies. Les animaux sont trouvés divaguant. Les laboureurs empêchent le glanage par les pauvres, coutume autorisée avant le lever du soleil et après son coucher. Pour faire respecter ces décisions, Pierre Louis Carité est nommé garde messier.

Bourgtheroulde est toujours une ville d'étape pour les troupes. Un détachement de la milice nationale de Sées stationne à Bourgtheroulde avant de se rendre à la fête de la Fédération à Rouen : un veau est massacré chez le boucher Coullebœuf. Ce qui donne lieu à de nombreuses protestations et disputes entre la troupe et les habitants. Le 3 juillet, Peuffier est nommé commandant de la Garde Nationale de Bourgtheroulde. Laurier, Rousel et Hébert sont officiers et prêts à reprendre leur service dans la nouvelle formation d'une Garde Nationale.

La municipalité adopte le calendrier révolutionnaire

Le 16 Brumaire an 2 (6 novembre 1793), Ygouf, procureur de la commune, indique que lors de la livraison de dix chevaux on n'avait pas accepté de les harnacher. Le 28 (18 novembre), il est fait mention de « l'emprunt forcé » édicté par la loi du 3 septembre. (*Chaque citoyen est tenu de souscrire à l'emprunt forcé. Ces emprunts ont été peu nombreux en France. Ils ont eu lieu à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème pendant la Révolution, sous le Directoire et la Restauration. Cet emprunt a dû faire suite à la levée en février 1793 de 300.000 hommes, célibataires et veufs sans enfants. En août 1793, levée en masse par la Convention des célibataires âgés de dix-huit à vingt ans). Après recherches, aucune personne à Bourgtheroulde n'est assez fortunée pour participer à cet emprunt. Ce qui est vérifié par six commissaires le 21. L'attestation est adressée à Pont Audemer. Le 8 Frimaire (28 novembre), les salaires, gages, main d'œuvre et journées de travail sont au même taux qu'en 1790, décrétés par la loi du 29 septembre dernier : 10 sols par journée de travail avec nourriture, 20 sols sans nourriture.

1794 - Le 19 Nivôse an 2 (8 janvier), Pierre Louis Carité, garde messier, arrête une voiture attelée conduite par Antoine Duhamel, charretier de Jacques Nicolas Vallée cultivateur au Theillement. Au centre du chaume que contient la charrette il découvre deux poches de blé d'environ trois quintaux destinés à Grand Couronne. Le conducteur ne peut présenter d'acquit pour le transport de ce blé. Il prétend que son maître le suit avec le certificat. Le blé est déchargé à la maison commune. Le cachet de la municipalité est apposé. Interdiction est faite de vendre ce blé hors du marché. Le 20, Vallée présente un acquit à caution de sa municipalité daté du 18. Le 22, Philbert Thorin se présente pour surveiller la municipalité à propos des cultivateurs qui auraient procédé à un prompt battage du blé.Le 23, le corps municipal est assemblé en tribunal de police : la classe malheureuse du peuple est victime. Le pain réservé à la commune est vendu à des étrangers qui le paient au double de sa valeur. La femme Dupont est traduite au greffe avec Dulong et la femme Le Fel de La Londe. Ils sortaient du bourg avec deux tourtes de pain de douze livres coupées par la moitié dont une est reconnue venant de chez le boulanger Le Bourg. La femme Dupont est condamnée à une amende de 38 sols, ayant procédé à une partie de la vente. Le jugement à intervenir sera publié et affiché aux frais de la coupable.

 Le 7 Pluviôse (26 janvier), une douzaine des principaux habitants dépités de la commune exposent qu'à propos des biens de l'émigré Le Cordier, dont un parc composé de quatre-vingt-quatorze arpents, la situation est la suivante : la grande route qui borde le parc est tortueuse et changée par suite de l'ancienne féodalité. Pour faire jouir la Nation d'un plus grand avantage et procurer aux habitants tout le bien qu'ils peuvent en tirer, il est urgent de diviser ce parc en petites portions et tracer un chemin pour que chaque adjudicataire puisse accéder à sa parcelle. Pourpoint et Ecorcheville sont nommés commissaires pour exposer cette demande au district.

Le 14 Pluviôse ( 2 février), le maire Peuffier donne lecture des articles suivants : la loi du 23 juillet ordonne qu'il n'y ait qu'une seule cloche dans chaque paroisse. Le 3 août dernier, le ministère de l'intérieur a été chargé de faire parvenir dans les fonderies la quantité de métal suffisant pour fabriquer des canons par fonte des cloches récupérées. Une lettre du 5 Pluviôse de l'agent national de Pont-Audemer menace la municipalité de Bourgtheroulde de la visite prochaine d'un commissaire du pouvoir exécutif car les cloches demandées n'ont pas été retirées. La commune est accusée de négligence et de crime. Des commissaires sont nommés pour faire le choix d'un charpentier qui exécutera les travaux conformes à la loi.

Le 18, les maires du canton se réunissent. Il leur est fait lecture de la loi du 22 juillet : chaque commune fournira l'habillement des citoyens désignés pour compléter les 30.000 hommes de cavalerie. Le ministère de la guerre demande que soient complétés les encadrements. Tailleurs et cordonniers sont réquisitionnés. Le canton expose qu'il est dans l'impossibilité physique de fournir ce qui est demandé. Le 25, le canton de Bourgtheroulde, sous la responsabilité du maire, a qualité de déterminer de pourvoir sans délai à l'équipement en nature de 13 cavaliers requis pour le dit canton : toile, coutil, étoffes, bas au prix fixé par la loi, souliers délivrés par le magasin d'équipement de Pont-Audemer, 13 sarraus, 13 pantalons de toile ou coutil, 13 bonnets de police, 13 calots noirs, 33 chemises, 22 paires de bas, 13 sacs de toile, 22 paires de souliers remboursés par les communes du canton. Lequesne de Bourgtheroulde et Le Cornu de Saint Ouen de Thuit-Heudebert sont nommés pour s'acquitter de ces achats. La délibération  est signée par Bourgallé et Peuffier qui ajoutent sous leur signature le mot « maire ».

Les Anglais bloquent les ports et le salpêtre (*poudre à canon) des Indes ne parvient plus. Il est décrété que le salpêtre sera récupéré dans les maisons pour fabriquer des explosifs. Le 1er Ventôse (19 février), Jacques Jean Baptiste Philippe Boutigny d'Infreville présente une pétition à Pont-Audemer aux fins d'établir un atelier pour fabriquer du salpêtre dans la commune de Bourgtheroulde. La commune est autorisée à trouver un emplacement. Le 3 Ventôse, une commission de salpêtriers est enregistrée. Le 27, Louis Mathieu Lecerne de Saint Ouen de Thuit-Heudebert est requis pour travailler à la salpêtrière. Une grange du presbytère sert à la fabrication du salpêtre.Le 10 Germinal (30 mars) sont recensés le paiement des pensions, indemnités et secours aux défenseurs de la Patrie. Marie Madeleine Saint Martin a deux fils dans le bataillon de la Montagne, Pierre Legay a quatre fils sans pouvoir dire dans quels corps, dont deux en Vendée et un dans le régiment de Touraine. Marie Louise Grenier a un fils dans le 2ème bataillon de l'Eure. Jean Etienne Simon a un fils dans le 7ème bataillon de Paris…

Le 14, le juge de paix obtient une voiture pour conduire cinq pouches (*ou bachots : poches) de blé volées chez Boutigny d'Infreville par Jean Baptiste Bunel de Bosguérard. Le voleur est conduit à la prison de Bourg Achard. La disette est présente à Bourgtheroulde. Il est fait une répartition des subsistances. Tous les grains sont recensés dans le canton. Le 4 Floréal (23 avril), 1200 quintaux d'avoine sont rassemblés, destinés à la semence dans le canton. Le 23 Floréal (12 mai), après adjudication au rabais, François Nicolas Léger obtient la perception et le recouvrement des contributions pour 1793. S'agit-il du prêtre, portant les mêmes prénoms, ayant prêté le serment républicain ? Le 30, Louis Pierre Pourpoint requiert un acte de représentation, daté du 26, pour une commission du Directoire Révolutionnaire du district par lequel il est chargé de constater les quantités et qualités des étaux, enclumes et soufflets du canton.  Ce qui lui est accordé. Il sera néanmoins accompagné par René Maréchal. Le 1er Prairial (20 mai), Jean Jacques Lambert est chargé d'estimer les biens de l'émigré Le Cordier.

Le 21 (9 juin), les commissaires du recensement des grains demandent l'assistance de deux membres de la municipalité. Le 24, pour éviter abus et fraudes, la déclaration d'abattage est obligatoire : bœufs, vaches et moutons sont consignés sur un registre. Il est interdit de pratiquer des tarifs élevés. Le prix de la chandelle est fixé par la loi. Le 27, Marre, inspecteur des subsistances militaires, demande le gîte à un aubergiste pour les bestiaux qui passeront dans la commune. Les bêtes sont destinées aux défenseurs de la patrie. La veuve Osmont, aubergiste du Cheval Blanc, est désignée pour héberger les animaux. Et en cas de besoin il sera demandé à Louis Jacquelais, aubergiste de La Corne, d'accueillir les bêtes qui ne pourront être logées dans les écuries de la veuve Osmont. Le 4ème jour complémentaire (21 septembre), un receveur est nommé pour la contribution à la construction d'un vaisseau.

 Pierre Louis Peuffier exerce depuis deux ans les fonctions d'officier public. Il ne peut subvenir à tout et demande la nomination d'un autre officier public pendant la troisième année républicaine. Nicolas Lequesne est désigné. Le 16 Vendémiaire an 3 (7 octobre), Jean Neveu est accusé d'accaparer le suif. Il reconnaît être redevable de cinquante livres de chandelle qu'il livre. Le 29, le Directoire de la commune considère qu'il faut assurer aux fournisseurs de la république tous les objets qui leur sont indispensables pour alimenter les armées de Pont Audemer : bois, foins, etc. Le 3 Brumaire (24 octobre), Pourpoint entend conserver sa charge de notaire et renonce à celle d'assesseur de juge de paix. Le 9, Louis Dubusc est facteur de biens nationaux. Oursel, propriétaire à Bourgtheroulde et Infreville, déclare qu'il n'a jamais émigré. Le 27, l'agent national observe que les commissaires, nommés par la société populaire pour faire la distribution décadaire destinée à l'approvisionnement de la commune, avaient rempli leur mission.

Le 7 Frimaire (27 novembre), un appartement est prêté par Peuffier au greffier qui y dépose les archives de la municipalité et établit son greffe. Peuffier affirme que sa maison n'a jamais été la maison commune comme on l'a prétendu. Les assemblées avaient lieu dans la maison du citoyen Legras. Le peuple prétend qu'il n'a pas accès à la communication des lois. Peuffier suggère :  1) que le conseil municipal se choisisse un emplacement pour recevoir le greffe et les archives – 2) que la municipalité soit divisée en trois bureaux : correspondance, subsistances, logement des gens de guerre et surveillance de l'approvisionnement des étapes. En sa qualité de maire, Peuffier sera le chef de ces bureaux et les surveillera. Le conseil général arrête : la chambre municipale et les bureaux se tiendront dans la salle du cy-devant presbytère. Dans les deux cabinets adjacents, l'un d'eux servira de dépôt des archives. Le bureau des correspondances est composé de Peuffier maire, Jean Aubrée et Adrien Dévé. Pour le logement des gens de guerre, Lequesne, Pelletier et Langlois sont désignés. Pour le bureau des subsistances : Ecorcheville, Blesve et Mansel. Boutin, greffier, réclame une augmentation. Il obtient un traitement de cinq cents  livres payé de trois mois en trois mois. Le 13 Frimaire, Tariel signale qu'il a trois enfants soldats actifs. Le 18, Coignet déclare qu'il a lui aussi un fils soldat actif.

1795 – Le 14 Nivôse (3 janvier), Eudeline recense les grains propres à la fabrication des huiles. Le 17, le Conseil Général de Pont-Audemer informe que désormais les communes sont divisées en hameaux. Un recensement de ceux qui les habitent doit être effectué en tenant compte de la distance par rapport au presbytère et celle des communes voisines. Le 20, Peuffier et Blesve sont chargés d'établir ces listes sous huitaine. Le 21, la municipalité déclare qu'il est impolitique et dangereux de laisser divaguer les ennemis reconnus de la patrie ayant fomenté un attroupement. Amable Le François a facilité l'évasion de six prisonniers enfermés dans le dépôt de sûreté. Le 20 Pluviôse (8 février), une partie des maires des dix-sept communes du canton ne se présentent pas pour l'enlèvement du savon à prendre à Evreux pour distribution. Le 4 Germinal (24 mars), Pierre Jacques Osmont de Bosguérard est chargé de collationner les biens nationaux chez tous les fermiers et d'établir un tableau des grains restants.

Le 14 (3 avril), un boulanger du bourg approvisionne les prisonniers de guerre, dont des Anglais. Ce qui provoque un rassemblement de 2334 personnes dont près de 300 femmes crieuses de pain (sic). Il est ordonné qu'une livre et demie de pain soit donnée aux anglais (qui revendent leur portion quatre livres la livre) et une demi-livre de pain à chaque habitant. Le même jour, une masse de femmes, au mépris de la loi, attaque Jean Pierre Bourgalley et lui arrache la clef du temple (*église). La veste de Bourgalley est déchirée en fouillant dans sa poche et il est jeté sur un banc. Les pratiquants sont exaspérés : la nation ne fournit aucun local pour l'exercice du culte. Le temple  est une propriété nationale. Bourgalley, prudent, n'a reconnu personne… Le 20, deux voitures sont arrêtées dont l'une contient de la poudre.

Le 15 Floréal (4 mai), il y a pénurie de subsistances. La commune est exposée aux horreurs de la famine. Elle demande de l'aide au Conseil Général. Les fermiers n'ont que peu pour survivre jusqu'à la prochaine récolte.

Il existe six auberges qui ne désemplissent pas, fréquentées par des routiers, des voyageurs. Huit quintaux de farine sont consommés par jour. Il ne reste que soixante quintaux pour l'exploitation des fermes. La commune remarque qu'elle n'a jamais été à la charge du district ou de ses voisins. Mais c'est la famine. Le 17, six commissaires sont nommés pour un nouveau recensement afin de tranquilliser les citoyens sur leurs subsistances. Le 18, les grains sont recensés. Le 8 Prairial (27 mai), le juge de paix expose que les prisonniers sont rassemblés pour interrogatoires dans la maison du concierge de la maison de sûreté. Il n'existe ni prison, ni concierge. Il est urgent de fournir un local. La municipalité est tenue de donner une ration de pain à chaque prisonnier. Le 13, douze commissaires sont nommés pour faire le recensement ordonné par la loi du 2 Prairial : Bourgtheroulde compte 754 habitants. Le 30, deux commissaires sont nommés distributeurs de secours aux vieillards et infirmes. Le 19 Messidor (7 juillet), Thomas Coulbeuf, boucher, est désigné pour approvisionner en boucherie le cantonnement de canonniers faisant étape à Bourgtheroulde le 21.

Le 23, Saint Amand accuse Dain de s'être permis de dégrader, cultiver et faucher l'ancien chemin de Pont-Audemer sur six cents pieds (* 1 pied = environ 33 centimètres) entre Bourgtheroulde et Angoville qu'il aurait acheté à la Nation. Dain doit restaurer le dit chemin mais demande un délai, le terrain étant ensemencé. Il affirme être ainsi dépouillé d'un bien qu'il possède depuis quarante ans.Le 8 Thermidor (26 juillet), Peuffier est nommé commissaire civil pour la réorganisation de la Garde Nationale.

Les biens de Le Cordier de Bigards sont confisqués et vendus comme biens nationaux. Il est fait trois lots de son domaine au mois de fructidor : Un enclos nommé le Parc de la grande ferme du Logis composé du champ de foire, d'une cour d'honneur édifiée d'un vieil château en mauvais état, une maison de fermier, une grange à blé, une écurie, etc., un jardin potager, une maison en ruine, la cour de l'ancien presbytère, le jardin du fermier planté d'arbres fruitiers, quatre corps de bâtiments, l'herbage du Désert, l'herbage des Allées où se trouvent une briqueterie et un étang, le pré du Four, le pré du Cresson, le pré du Taillis, les terres labourables du Parc - Le pré du Mouchel - Un labour de quatre acres (*deux cents ares environ).Louis Jacques Alexandre Varillon, receveur de l'enregistrement des finances, et Simon Charles François Rabasse, notaire, résidant tous les deux à Montfort sur Risle, achètent le premier lot pour la somme de deux millions cent trente deux mille livres. Les deux acquéreurs revendent aussitôt les biens à Chipon, agent d'affaires à Paris : trois millions d'assignats. Au cours de l'an 4, Chipon vend le tout à M. Descortes. Le château est en démolition et ne fait pas partie du dernier acte de vente. (*De ce domaine, il ne reste qu'un puits octogonal en partie comblé, un colombier hexagonal en briques du 17ème siècle, une grange et la porte des Marchands.). Ce qui restait du château est détruit.

La loi du 2 Pluviôse an 3 édicte que la Révolution du 9 thermidor sera annuellement célébrée dans toute la République. Le 9 Thermidor, cette célébration est annoncée au son de la cloche et publiée par affiche. Deux commissaires sont nommés pour dresser l'état des récoltes. Le 10 Thermidor, Prosper Langlois présente le produit des patentes de 1793. Il n'a rien perçu en 1792. Nicolas Léger est percepteur des impositions de la commune.

Le 22 Fructidor (8 septembre), pour assurer la subsistance du peuple, les cultivateurs sont forcés d'approvisionner suffisamment les halles. Les fermiers nationaux sont tenus de garnir les magasins de l'étape des troupes en grains et fourrages. Le 24, Tougard, sergent de la Garde Nationale, saisit des grains dans la voiture d'un habitant d'Authou et arrête des délinquants transportant de la farine. Le 3ème jour complémentaire (19 septembre), le peuple manque de subsistances. La halle est insuffisante en approvisionnement. Les municipalités font la police pour éviter les troubles. Un officier municipal est présent pour surveiller chaque marché. Une liste nominative des cultivateurs est établie ainsi que la vérification de leurs ventes. 7 Vendémiaire an 4 (29 septembre), une controverse a lieu a propos d'une vente de bien national. La grande ferme du Logis, occupée par Louis Martin Lecerf, a été divisée en sept lots par procès verbal le 18 thermidor (5 août). Il est mentionné que la place où se tient le champ de foire fait partie d'un enclos appelé le Parc où se trouve un lac dans lequel l'adjudicataire pêchait. Le tout appartenant à Le Cordier, émigré, dont il est rappelé qu'il s'était permis le creusement de fossés empêchant l'accès au dit lieu où se tiennent les quatre grandes foires et qui sert d'emplacement pour les convois militaires et d'artillerie. Le passage des troupes est journalier. Cette place est réclamée par les habitants car c'est la seule du bourg. Au nom des habitants de la commune, Pourpoint et Cauvin sont autorisés à se présenter avant la vente à Pont Audemer. Le même jour, Pourpoint dépose vingt-six livres provenant des condamnations sur les blés et farines dont les contrevenants sont adressés au juge de paix. Plusieurs personnes ont été arrêtées. Elles conduisaient des chevaux chargés de sacs de blé qui ont été confisqués. Le 22, une attestation des grains de la halle à chaque marché est délivrée. Des commissaires sont chargés d'aller chez les cultivateurs en retard. Il est procédé à des restitutions de blé. Le 23, le blé est jugé trop cher. Le 3 Brumaire ( 25 octobre), Edouard Etard certifie qu'il n'est point fils de noble… Le 6, le garde major paie les fournitures en paille et foin pour l'armée de la République.

Le 11 (2 novembre), le citoyen Cormeille, de Vieux Bourg, gendarme à la résidence de Bernay, annonce l'arrivée sans avertissement préalable de vingt-six prisonniers dont vingt-deux forçats. Il repart à Bourg Achard sans donner de pièces ou contrôles des dits prisonniers. Pierre Ecorcheville et Claude Nicolas Lequesne, officiers municipaux, donnent des ordres au citoyen Fouquet, commandant de la Garde Nationale, pour faire poster vingt hommes du corps de garde afin de surveiller les prisonniers pendants la nuit et fournir de la paille et des chandelles. Les prisonniers arrivent vers six heures du soir, mal emmenotés pour la plupart par leurs fers coupés, d'autres sont libres. Ils sont enfermés dans le corps de garde, seul lieu dont dispose la municipalité. La gendarmerie connaît le mauvais état des fers et la scélératesse des prisonniers qui menacent dès leur arrivée d'égorger le corps de garde et de brûler le bâtiment. Malgré la surveillance, six prisonniers s'évadent en partie par une croisée, en partie par un trou pratiqué dans la muraille. Le maire, avisé de cette évasion par le commandant vers quatre heures du matin, fait battre la générale et sonner le tocsin pour rassembler un maximum de personnes pour rechercher les fugitifs. Sur les huit heures du matin, arrivent deux gendarmes de Bourg Achard avec les pièces de contrôle des prisonniers permettant de faire l'appel nominal et connaître les noms des évadés : André Roucher dit Charpentier, Catouillard, Le Roy, Gagnier, Vadé et Matard. Les vingt prisonniers restant sont remis aux gendarmes et à la Garde Nationale qui les conduisent à Rouen.

Le 17 (8 novembre), un arrêté du Directoire de Pont-Audemer en date du même jour nomme Louis Pierre Pourpoint pour installer la municipalité du canton. Pourpoint demande un procès-verbal qui sera adressé à l'administration. L'arrêté est reconnu authentique. Peuffier, maire, signe ainsi que Pourpoint, Ecorcheville, Leclerc et Boutin. A partir du 20 Brumaire (11 novembre), Benoist Fourcherant est agent municipal. Il signe le registre municipal et les actes d'état civil. Le nom de Peuffier, maire, n'apparaît plus. Il n'y a plus de délibérations du conseil municipal. Ne sont notés dans le registre que des faits délictueux et événements divers.

 Commence alors la chasse à tous ceux qui sont soupçonnés de faire du trafic de céréales et farines.  Les produits sont saisis et les contrevenants verbalisés.Le 8 Frimaire (29 novembre), une habitante du bourg amène au bureau de la mairie une habitante de Sotteville chargée de 72 livres de blé. Le 9, plusieurs femmes arrêtent une voiture attelée de deux chevaux, chargée de trois paniers contenant chacun : 176 livres, 177 livres et 268 livres de blé. La voiture est conduite par un habitant de Rouen qui présente des attestations en règle. La municipalité accorde sa protection en cas de besoin… mais réquisitionne les trois paniers de blé.Le même jour, d'autres femmes arrêtent un cheval, chargé d'une pouche de 105 livres de blé, conduit par un habitant de Sahurs. D'autres femmes arrêtent un cheval portant une poche de 105 livres de farine conduit par une rouennaise. Le 10, deux femmes déclarent avoir arrêté un cheval chargé de deux poches. L'une contient 88 livres et demies  de blé, l'autre 169 livres de seigle. Le conducteur, originaire de Martot, est interpellé. Le même jour, deux hommes de la commune arrêtent sur le chemin d'Angoville deux individus conduisant chacun un cheval chargé d'une poche. Le premier conducteur est de Rouen. Son cheval porte 257 livres de farine. Le second demeure à Boêné ( ? - Lieu une première fois raturé. Ecriture hésitante pour la seconde). Son cheval est chargé de 140 livres de blé et 54 livres de farine. Le 11, trois hommes sont arrêtés devant l'auberge de Massieux. Ils portent chacun une poche de blé. Tous sont de Maromme. Les poches contiennent : 77 livres, 73 livres et demies, 81 livres et demies. Le même jour, plusieurs personnes, dont Pierre Louis Carité garde messier, arrêtent une voiture couverte attelée de deux chevaux conduite par un inconnu qui ne veut pas révéler son nom. Il travaille pour la citoyenne Lachey de Rouen. Deux paniers sont découverts dans la voiture. Dans le premier, plusieurs poches de farine, lesquelles, pesées, attestent 200 livres. Dans le deuxième, 200 livres de farine. Le même jour, quatre habitants arrêtent un cheval chargé de poches contenant 104 livres de farine. Le cheval est mené par des rouennais. Le même jour, deux individus sont devant chez Cauvin. L'un est chargé d'une poche de farine, l'autre ne porte rien. Sommés de s'arrêter, celui chargé de la poche s'enfuit, l'autre protège la fuite du premier. Fourcherant, agent municipal, criant Force à la loi, a recours à un gendarme qui loge chez Cauvin. L'agresseur tient Fourcherant par son écharpe. Les deux individus, originaires de Rouen, sont arrêtés et conduits au bureau de la maison commune. La poche est pesée : 101 livres. Le 15, cinq personnes de la commune arrêtent un  boury mâle  chargé d'un sac de blé de 203 livres conduit par un habitant de Rouen. Le boury est mis en séquestre chez l'aubergiste Pillon. Le 18, deux habitants arrêtent devant le moulin de Bourgtheroulde un cheval chargé de deux poches de blé et de farine, conduit par un rouennais et sa fille. Le 21 (12 décembre), Louis Maridor de Freneuse avise qu'il apporte à Martin Maridor bourrelier à Bourgtheroulde 3 quintaux de farine provenant d'un champ situé à Freneuse appartenant au même Maridor. Le même jour, Marguerite Adeline, préposée au service des étapes de Bourgtheroulde, présente une lettre du 16 Frimaire par laquelle le directeur des étapes à Rouen lui donne avis de l'arrivée de 350 hommes du bataillon du 92ème régiment qui doivent faire étape à Bourgtheroulde ce jour. Elle demande un procès-verbal constatant la non arrivée de ces 350 hommes et émet des doutes sur les denrées préparées pour la subsistance de la troupe attendue. Le 9 Nivôse (30 décembre), Jean Mallin, gendarme de la 2ème division de Fontainebleau en stationnement à Bourgtheroulde, accompagné de Jean Prieur dit Lavallé et Marc Antoine Bourgallé de la commune, en allant prendre un verre chez l'aubergiste Pillon, trouvent deux inconnus occupés à boire dont l'un est revêtu d'un uniforme militaire. L'un d'eux ayant montré dix écus et dix livres se plaint d'avoir été volé par son camarade. Le gendarme s'est aperçu du larcin. Le voleur jette six francs sur la table en prétendant que c'est le montant du vol. Le gendarme fouille le voleur qui laisse glisser cinq autres écus derrière son dos. Mallin fait appeler l'agent municipal (*Fourcherant) qui constate deux infractions : le vol et le non-respect de la route pour rejoindre son corps par le délinquant. Son camarade n'a pas, lui aussi, rejoint son corps et a porté plusieurs coups au gendarme ! Les deux individus sont interpellés et conduits à la maison d'arrêt.

1796 - Le 12 Nivôse (2 janvier), après affiches et publications faites les 9, 11 et notamment le 12 au son de la cloche, sont procédés à l'adjudication au rabais de la perception et recouvrement des contributions foncières pour la troisième année, emprunt forcé et autres de la commune. Plusieurs personnes se présentent : Jean François Etard, Jacques Etard, Victoire Mutel épouse Lequesne, Pierre Levillain, Jean Louis Neveu, Benoît Fourcherant . Le premier demande 250.000 livres. Les enchères sont âprement débattues. Ne restent que Neveu, Fourcherant et la veuve Lequesne. Ces deux derniers s'affrontent jusqu'à ce que Fourcherant se voit adjuger la perception et les recouvrements de toutes les impositions du bourg pour… 16.000 livres ! Le 23, au son de la clochette, l'adjudication finale est attribuée officiellement. Fourcherant doit fournir bonne et suffisante caution. Pierre Nicolas Saint Amand, cultivateur, se porte garant. Le 10 Pluviôse (30 janvier), un arrêté du département de l'Eure accorde la levée de 40 quintaux de blé dans la commune pour être portés au marché d'Elbeuf. Bourgtheroulde fournira 5 quintaux tous les mardis. Louis Jacques Loir, Jacques Delas, Robert Duménil, Pierre Le Gay, Jean le Doc sont réquisitionnés et fourniront chacun un quintal. La réquisition est délivrée aux susnommés par le garde messier. Le 8, au son de la cloche, lecture est faite de l'arrêté de l'administration départementale concernant l'emprunt forcé. Personne ne se présente. La cloche est à nouveau sonnée. Il n'arrive que des enfants et quelques personnes de basse classe. Un procès verbal est dressé pour constater l'absence des habitants concernés. Le 23, Benjamin Coquelin de Bourgtheroulde et Nicolas Joseph Firmin Lemaître d'Evreux, ouvriers cordonniers, déclarent qu'ils font partie d'une commission pour se rendre à l'atelier de cordonnerie de la commune afin d'y travailler pour le compte du gouvernement.

Le 5 Floréal (24 avril), Daniel Elie, lieutenant de la 1ère compagnie de la Garde Nationale déclare qu'il a été de service pendant la nuit avec les fusiliers du corps de garde. La nuit a été tranquille. Cependant, il est sorti pour effectuer une patrouille avec cinq fusiliers. Ils ont été poursuivis par les fils Bussy, Coulbeuf, Lassale dit Migrasse, tous trois de Bourgtheroulde, et Billette d'Infreville, depuis le corps de garde jusqu'à la Porte des Marchands. Les quatre individus se sont moqués d'eux et les ont insultés. Elie a fait arrêter la patrouille et a sommé les perturbateurs de se retirer au nom de la loi. Ce qu'ils ont fait en continuant de proférer des injures et en poursuivant la patrouille jusqu'à la maison commune avant de disparaître. Le 8, un arrêté du département de l'Eure du 26 Ventôse dernier enjoint à la commune de Bourgtheroulde de fournir une voiture attelée de quatre chevaux pour aller prendre un chargement de fourrage au Bec le 10 courant. Trois chevaux de trait sont réquisitionnés chez un aubergiste et deux cultivateurs, une voiture et un cheval chez Cauvin (*maître de poste) qui expose qu'il a fait de nombreux voyages pour la République. A sa place, Jean Pierre Fouquet doit fournir une voiture et Lenoble un cheval. Le 9, les agents municipaux se transportent chez les aubergistes et logeurs du bourg. Deux individus, Megard et Bouttechant sont trouvés chez Meaulle aubergiste. Ils sont arrêtés par la Garde, ne pouvant fournir de certificats valables, puis conduits dans la maison de sûreté. L'un d'eux s'évade. Ils ont laissé un cheval chez Meaulle. L'aubergiste ne peut présenter son registre, prétextant qu'il se trouve chez le président de l'administration pour le faire coter et parapher. Le 11, Benoît Fourcherant et Guillaume Leclerc agent de la commune d'Infreville se rendent chez Meaulle à l'hôtel de la Poste et lui demandent le cheval des individus arrêtés le 9. La bête est en fourrière chez lui. Meaulle présente une jument hors d'âge et apprend que Bouttechant s'est évadé dès sa mise en maison de sûreté. Les frais de séquestration de la jument seront payés à l'aubergiste. Le 28, nouvel « exploit » des fils Bussy, Coulbeuf, Lasalle auxquels s'est joint le fils Savouret. Ils insultent des personnes logées chez Madeleine Bonne Mullot veuve Martin Roussel. Ils percent des trous dans la muraille avec des bâtons et jettent des immondices qui tachent les coiffures des jeunes filles qui se divertissent avant leur départ. Ils lancent des injures et les empêchent de danser. Ceci par vengeance, la veuve Roussel les ayant empêchés d'entrer, prétextant qu'il n'y avait que des filles et qu'elle ne voulait point de garçons.

Le 11 Prairial (30 mai), l'agent municipal de Bourgtheroulde requiert de l'agent municipal de Saint Philbert sur Boissey de mettre en réquisition de deux voitures attelées chacune de quatre chevaux pour aller prendre le 12 au Bec Héllouin un chargement de paille et fourrage pour les chevaux des gendarmes et ceux des charrois de la Marine en stationnement à Bourgtheroulde. Le 17, le commandant de gendarmerie en stationnement dans la commune est réquisitionné ainsi que la Garde Nationale pour faire prendre des cocardes à tout individu qui n'en porte pas. Les récalcitrants sont arrêtés. Cette réquisition est faite au son de la clochette par le crieur ordinaire de la commune. Le 23, sur le marché, une femme inconnue qui dit être de Saint Pierre du Bosguérard propose à la femme Bunuel de Saint Ouen de Thouberville un paquet de fil de coton à acheter. La femme Bunuel dépose deux paquets litigieux à la maison commune. A l'intérieur de l'un des paquets se trouve un morceau de tuile, dans l'autre une pierre blanche. Le 9 Messidor (27 juin), une lettre du ministère de la guerre demande quinze voitures attelées chacune de quatre chevaux pour se rendre le 10 à La Bouille pour y prendre un chargement d'avoine qui sera ensuite porté au départ du Bec Héllouin au magasin de remonte générale. Bosc Roger fournira trois voitures - Saint Ouen de Thuit-Heudebert 1 - Bosnormand 1 - Boscherville 2 - Marcouville 2 - Angoville 1 - Infreville 1 - Berville en Roumois 2 - Thuit Hébert 2.

Le 11, un habitant du Bec, marchand, passant vis-à-vis de la maison commune, est attaqué par plusieurs jeunes gens qui lancent une boule de quilles devant les sabots de son cheval. Le marchand est désarçonné et tombe. Le fait se passe en présence de différentes personnes. Le meneur est le fils de la veuve Roussel. Les garnements ont auparavant poursuivi les enfants de Petivalet de Boscherville qui viennent à l'école du bourg. La veuve Roussel, informée des incartades de son rejeton, répond qu'elle ne craint pas l'officier municipal et lui dit mille injures. Le 13, l'agent municipal, accompagné de deux brigadiers du détachement de gendarmes stationnés à Bourgtheroulde dans la maison d'arrêt, constituent un corps de veille au bien du service de la République afin qu'il n'y ait aucun trouble. Un manœuvre, sapeur, employé au charroi de bois de marine, a abandonné son poste pour faucher du trèfle pour le citoyen Langlois de la commune. Pour sa défense, le sapeur répond qu'il travaille car il est mal payé par la République. Langlois lui fournit de la boisson. Le sapeur est traduit dans la maison d'arrêt. Le 21, rixe dans le café de Jean Baptiste le Roy, qui est aussi cordonnier. Un gendarme logé chez Jacques Mullot et le sieur Lamy logé chez Nicolas Lenoble s'en prennent à Meaulle aubergiste de l'hôtel de la Poste. Le gendarme maltraite Meaulle, le prend aux cheveux, lui donne des coups de poing, saute un mur pour aller chercher son sabre. Les personnes présentes tentent en vain de le lui arracher. Le commandant en second du bataillon de la garde, le capitaine Lavallé et l'agent municipal rétablissent l'ordre et dressent procès-verbal. Ils remettent le gendarme au commissaire du pouvoir exécutif et demandent au commandant de gendarmerie de faire arrêter le perturbateur pour cause de trouble. Le 22, deux gendarmes font du tapage chez l'aubergiste Meaulle et veulent maltraiter son épouse. Elle leur a dit qu'elle n'avait pas de vin à leur donner. L'un des gendarmes a l'insolence de lever la main pour couvrir la figure de l'agent municipal arrivé pour rétablir l'ordre. Ses camarades l'en empêchent, sinon l'agent municipal auroit été décoré. Les gendarmes ont menacé la femme Meaulle de tout briser dans la maison. L'un d'eux a ouvert la table en deux avec son sabre, en disant son regret de ne pas avoir tué Meaulle la veille. Elle l'a menacé d'envoyer sa servante chercher l'agent municipal. Le gendarme a répondu qu'il l'emmerdait. Le 25, plusieurs vétérans et officiers de la 121ème compagnie font savoir que le pain donné par l'étapier n'est pas capable d'entrer dans le corps humain. L'agent municipal constate que ce pain d'étape est de très mauvaise qualité. La farine provient du magasin militaire de Pont-Audemer. Il se saisit d'une ration pour la présenter à l'administration du pouvoir exécutif.

Le 2 Fructidor (19 août), plainte de deux volontaires au 3ème régiment d'infanterie compagnie 1 et 6 : l'étapier les envoie chez le boucher qui ne veut pas leur délivrer de viande. L'agent municipal se rend chez Coulbeuf, boucher de l'étape, qui dit par deux fois vouloir être payé avant de donner la viande. Procès verbal est dressé et le boucher est convoqué au bureau. Le même jour, l'adjudant conduisant dix-sept chevaux du convoi de transport militaire venant d'Alençon et logé à Bourgtheroulde le jour même dépose une plainte. L'étapier ne peut lui fournir du fourrage pour les chevaux. Pour sa défense, l'étapier indique qu'il n'a plus de ressources financières : il ne dispose plus que de deux quintaux de farine pour les troupes, le boucher tenu de fournir les soldats en viande n'est pas payé depuis longtemps et refuse de livrer de la nourriture, du pain a été emprunté aux aubergistes du bourg. Il est demandé de l'aide au département pour approvisionner l'étape. Le 14 Vendémiaire an 5 ( 5 octobre 1796), un habitant de Bourgtheroulde injurie l'agent municipal en présence de témoins. Il le traite de coquin, voleur, gueux et dernier des hommes ainsi que tous les autres agents car il doit payer deux fois la même somme d'impôt. Il menace de tuer Fourcherant. L'insulteur sera poursuivi devant le tribunal.Le 19 Brumaire (8 novembre), Quenel, conducteur des chevaux d'artillerie en station dans la commune pour le service du génie, accompagné d'un caporal,  porte plainte : l'étapier n'a rien en magasin. Pas de blé, ni avoine, ni fourrage. L'agent communal trouve seulement dix rations de pain dans son magasin. Il faut aussi nourrir quatre charretiers conduisant huit chevaux attelés aux voitures transportant les bois destinés au génie. Le 3 Frimaire (23 novembre), une lettre du commissaire des guerres de la 1ère division militaire de Caen en date du 29 pluviôse prévient que, par ordre du ministre, le 7ème régiment de chasseurs à cheval composé d'environ 850 hommes et 500 chevaux doit loger le 6 à Bourgtheroulde. Subsistance et logement doivent être assurés. L'étapier assume ses fonctions. Le régiment n'est pas arrivé à Bourgtheroulde le jour dit. Il en résulte une perte évidente au détriment de l'étapier, notamment sur la viande. Un certificat constatant les faits lui est délivré.

1797 - Le 8 Ventôse (27 janvier), une jeune fille du bourg d'environ vingt ans se présente pour déclarer qu'elle est enceinte d'à peu près huit mois d'un gendarme qui a stationné dans le bourg… Un futur enfant de la Patrie ? C'est ainsi que l'on nommait à l'époque les enfants des mères célibataires. Le 18 Vendémiaire an 6 (9 octobre), aux termes de la loi et proclamation du Directoire Exécutif et arrêté du département est donnée réquisition : l'agent municipal requiert les citoyens Jean Baptiste Harel, Louis Boismare, Jean Deschamp, Jean Savouret, Louis Huet, Jean Louis Neveu, le fils d'Adrien Duhamel, Alphonse Lasalle de cette commune de se rendre le 24 du mois à six heures du matin à la maison commune au son de la cloche pour aller au cy-devant district de Pont Audemer pour que la visite de leur exemption soit faite devant le jury. Faute de s'y rendre, ils seront conduits sur-le-champ au dépôt d'Evreux. Le 20, c'est au tour d'Augustin Legay et Pierre Pain d'être réquisitionnés ; le 22 Thomas Joseph Quesney. Tous trois sont volontaires de la commune.

1798 – Bourgtheroulde connaît le premier divorce prononcé dans la commune. Il a lieu le 25 Prairial an 6 (13 juin 1798). Il est enregistré à Bourg Achard le 7 Messidor, puis chez Pourpoint notaire suivant audience du juge de paix du 23 Messidor. La proclamation est faite à Rouen le 1er Thermidor an 6 par Nicolas Jean Bernard, huissier. Trois actes de non conciliation ont précédé ce divorce par assemblée des familles dans la maison commune les 12 Messidor, 12 Fructidor de l'an 5 et 15 Frimaire de l'an 6. La cause est une incompatibilité d'humeur et de caractère. L'épouse n'a pas daigné comparaître. L'acte de signification du divorce est fait à Honorine Beaulard, épouse de Sanson Le François. Ils s'étaient mariés le 16 octobre 1793. L'époux divorcé, né à Bernay le 9 décembre 1767, se remarie le 6 Messidor de l'an 7 (24 juin 1799) avec Marguerite Thariel marchande couturière.

 

La période révolutionnaire se termine le 9 novembre 1799.

 



13/04/2010
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