CHAPITRE 34 - GUERRES & EVENEMENTS - LA GRANDE GUERRE 1914/1918
La Grande Guerre – 1914 / 1918
Le 28 juin 1914, attentat à Sarajevo : assassinat de l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie et de son épouse.
La mobilisation générale est décrétée le 2 août 1914. Les fêtes publiques sont annulées.
M. Machard, garde-champêtre est mobilisé le 26 août 1914. Le 26 novembre, les conseillers municipaux MM. Dugard et Clouard sont absents lors de la réunion du conseil municipal. Ils sont mobilisés. Le 9 juillet 1915, en raison des circonstances de l'état de guerre actuel et les instructions du préfet de l'Eure, le maire propose l'arrêté suivant : supprimer, le 14 juillet, toutes manifestations quelconques pouvant présenter le caractère de réjouissance publique ; remplacer la distribution des prix aux élèves des écoles communales par la délivrance de diplômes constatant les résultats de fin d'année scolaire ; d'affecter à des œuvres de guerre les crédits budgétaires ouverts pour les distributions de prix, pour la fête du 14 juillet et pour les fêtes patronales ; de faire procéder le même jour, au nom du conseil municipal, dans l'église paroissiale, un service commémoratif en mémoire des enfants de la commune morts au service de la Patrie. Le maire émet l'avis qu'il y aurait peut-être lieu de perpétuer la mémoire des soldats de la commune morts pour la Patrie, de leur élever, après la guerre, un monument commémoratif dans une partie à déterminer ultérieurement du terrain consacré aux concessions à perpétuité dans le cimetière communal. M. Tabourier, de la compagnie des sapeurs pompiers, qui remplaçait le garde champêtre Machard, mais non titularisé, répond à l'appel de sa classe en septembre 1915. Il est constaté en novembre 1915 que le charbon a augmenté de 95 %. Le crédit alloué pour chauffer les classes des écoles communales pourrait être insuffisant.
Le 7 juillet 1916, en raison de l'état de guerre, il est décidé comme l'an passé, qu'il convient de supprimer et interdire toutes réjouissances publiques. Néanmoins, les édifices publics seront pavoisés. Les habitants sont invités à arborer le drapeau national à la façade de leurs maisons. Il est proposé que le crédit spécial prévu au budget pour l'achat de livres de prix aux enfants des écoles communales soit employé pour sa destination. Mais qu'en raison des deuils qui frappent un trop grand nombre de familles, la distribution des prix qui sera faite le 14 juillet ne prendra l'aspect d'aucune fête et sera effectuée sans solennité dans une des classes des écoles communales. Le même jour, la commission municipale envoie quarante-sept colis alimentaires aux soldats mobilisés de la commune. Le 18 novembre 1916, le maire se plaint à M. de Boisgelin de l'insuffisance de l'éclairage électrique et le rappelle au respect des conventions de la concession. M. de Boisgelin invoque le cas de force majeure : vu l'état de guerre, il ne peut remplacer son moteur diesel. Il s'occupe de l'achat d'un groupe électrogène. Une quête publique est faite en novembre 1916, avec le concours bienveillant de huit jeunes filles du bourg, au profit des orphelins de guerre. Le produit de cette quête, 271francs 70 centimes, est adressé au sous-préfet de Pont Audemer.
Le 6 avril 1917, les Etats-Unis entrent en guerre aux côtés des alliés.
Le préfet adresse un télégramme en juillet 1917, disant qu'en vue d'une répartition de charbon pour lapopulation civile, il demande si la municipalité consent à recevoir plusieurs tonnes de ce combustible en gare de Thuit-Hébert. Le conseil décide d'affecter à cette opération les crédits transcrits au budget additionnel. La personne chargée de la réception et de la répartition sera indemnisée pour son travail et placée sous le contrôle du maire. En septembre 1917, le préfet de l'Eure demande que la municipalité lui adresse les noms des femmes veuves, mères, filles de mobilisés et ceux des enfants orphelins de la commune dont le mérite exceptionnel lui paraîtrait devoir être récompensé par le Conseil Général de l'Eure. A l'unanimité, Mme Léon Dugard née Blanche Joséphine Micaux est désignée. En l'absence de son mari mobilisé depuis le treizième jour de la mobilisation, elle a continué avec un réel mérite l'exploitation de la ferme sise à Bourgtheroulde d'une contenance de vingt-quatre hectares, tenue en location de M. Leroux notaire à Bourgtheroulde.
Le maire demande en mars 1918, à l'intendance militaire d'Evreux, l'envoi de pommes de terre. 3990 kilos de ces tubercules sont adressés pour le ravitaillement de la population civile à raison de 35 francs le quintal. La distribution est effectuée aux plus nécessiteux par minimum de 35 kilos et à ceux qui ne possèdent pas de pommes de terre. La loi du 9 mars 1918 réglemente les contestations entre propriétaires et locataires nées par suite de la guerre, concernant l'exécution ou la résiliation des baux à loyers. Le conseil municipal vote le 29 juin 1918 une subvention de 50 francs en faveur de l'Office Départemental des Pupilles de la Nation.
Le 11 novembre 1918, l'Armistice est signé à Rethondes, près de Compiègne (Oise).
Monument aux Morts - En novembre 1919, la souscription ouverte pour l'érection du monument commémoratif aux soldats tombés au champ d'honneur ou morts des suites de leurs blessures pendant la guerre 1914/1918, s'élève, y compris la subvention de 1000 francs votée précédemment par le conseil municipal, à la somme de 5.050 francs 50 centimes. Le 22 mars 1920, le maire donne connaissance d'une lettre adressée par M. Auguste Foucher, sculpteur à Rouen, à M. Braquehais, un des membres de la commission nommés pour l'érection du monument commémoratif aux soldats morts pour la Patrie. M. Braquehais dépose deux croquis de M. Foucher pour placer une statue de soldat devant le monument existant (érigé après la guerre de 1870 en hommage aux Mobiles de l'Eure). Un croquis a pour objet une statue grandeur nature d'un mètre soixante-dix dont le prix serait de 3500 francs. Le deuxième représente une statue de même nature d'un mètre cinquante dont le prix serait de 3000 francs. Le tout non compris fournitures de pierre et statue prise à l'atelier du sculpteur. La pose et le transport resteraient à la charge de la commune. Le maire donne en outre connaissance de deux autres projets de monument : l'un de M. Cardine entrepreneur à Bourgtheroulde, l'autre de M. Landowski statuaire à Paris, et incite le conseil à donner son avis sur les différents projets. La préférence est donnée à M. Foucher pour la statue de soldat grandeur nature d'un mètre soixante-dix. Le 4 juin, M. Foucher indique que, pris par des travaux traités antérieurement, il lui est impossible de fixer une date pour la livraison de la statue projetée. En outre, le prix indiqué auparavant est insuffisant. Il faut prévoir au moins un tiers en plus. Le conseil décide de se mettre en rapport avec un autre sculpteur. Le 5 juin, M. L'Hoest, sculpteur à Paris, est contacté. Le conseil adopte son projet : un bas-relief en bronze ciselé (Poilu à l'assaut). M. Hoest prévoit une adaptation au monument actuel au moyen d'une plaque en pierre de Lorraine. Le maire est autorisé à verser un acompte du tiers de la dépense, soit 2800 francs. M. Cardine, entrepreneur à Bourgtheroulde, soumet le 4 septembre son devis pour la construction d'une applique en pierre d'Euville (Meuse) du monument érigé sur la place publique pour recevoir le bas-relief en bronze commandé à M. L'Hoest. Deux panneaux en marbre bleu turquoise recevront les noms des soldats défunts. Les travaux devront être livrés au plus tard fin octobre. En octobre 1920, il est décidé que les noms des morts au champ d'honneur seront inscrits sur trois plaques en marbre qui seront apposées sur le monument avec indication des noms, prénoms, régiments, grades et décorations, avec groupement par année de décès et ordre alphabétique, les grades en tête.
Inauguration du Monument aux Morts – 13 février 1921 - Programmation prévue pendant la réunion du conseil municipal du 7 janvier - Dix heures : Messe de Requiem en l'église paroissiale – Quatorze heures : inauguration avec le préfet, les autorités administratives des diverses sociétés, les maires, le conseiller général, les conseillers d'arrondissement du canton de Bourgtheroulde, les sénateurs de l'Eure, le député de l'arrondissement – Si le préfet est présent à la messe, un banquet sera organisé en son honneur. La souscription publique a apporté 9.030 francs 25. Le total de la dépense est de 12.183 francs 60.
Un « Poilu » est installé sur le socle du Monument de la Guerre 1870/1871
L'ensemble est déplacé et érigé à l'angle gauche de la Place de la mairie.
Collection de M. André TIPHAIGNE
Soldats morts pour la France dont les noms sont inscrits sur le Monument de Bourgtheroulde :
1914 : Charles Thibaudeau – Ernest Duval – Joseph Pinchon – François Barbé – Armand Gostrel – Eléonor Leduc – capitaine Louis Pierre – Louis Niel.
1915 : Alphonse Leroux – René Ménilgrente – Albert Dubuc – Charles Jouanne – Jules Jouanne – Paul Vimard.
1916 : Albert Bouvier – Raoul Duval – Paul Leprêtre.
1917 : brigadier Paul Gardin – sous-lieutenant Paul Foucard – adjudant Emile Monbailly – Ernest Bouvier.
1918 : Sous-lieutenant Paul Leroux – Edmond Boismare – Maurice Lécollier – chef brigadier Edouard Piton – Armand Dubosc – capitaine André Filoque – Louis Fontaine – capitaine Gaston Levasseur – Joseph Dubuc.
Les registres civils mentionnent des transcriptions d'actes de décès, parvenues pour certaines, après la fin des hostilités :
23 décembre 1915 - Duval Ernest Ambroise. Soldat au 74ème régiment d'infanterie. 34 ans. Décédé à Thil, sur le champ de bataille le 28 septembre 1914.
16 février 1916 – Mesnilgrente René Edouard Eugène. Sergent fourrier au 224ème régiment d'infanterie, 21ème compagnie. Décédé sur le champ de bataille à Neuville Saint Vaast (Pas de Calais) le 4 juin 1915.
13 juin 1916 – Pierre Louis Marie. Caporal à la 5ème compagnie du 73ème régiment territorial d'infanterie. Décédé à Longemarck (Belgique) le 8 novembre 1914.
26 juin 1916 – Vimard Paul Eugène. Soldat au 135ème régiment d'infanterie, 4ème compagnie. Décédé à Neuville Saint Vaast (Pas de Calais) des suites de blessures de guerre le 18 juin 1915.
9 octobre 1916 – Duval Raoul Ernest Constant. Soldat au 39ème régiment d'infanterie. Tué à l'ennemi sur le champ de bataille à La Chalde (Meuse) le 13 août 1916.
24 septembre 1917 – Gardin Paul Alexandre Férréol. Brigadier au 11ème régiment d'artillerie, 2ème batterie. Mort sur le champ de bataille à Beaulieu et Chéry (Aisne) le 2 juillet 1917.
25 février 1918 – Dubuc Albert Orgher. Soldat au 24ème régiment d'infanterie. Disparu au cours du combat du Bois de la Folie à Neuville Saint Vaast (Pas de Calais) le 12 novembre 1915.
18 novembre 1918 – Lécollier Maurice Henri. Soldat au 7ème régiment de chasseurs à cheval. Décédé le 20 octobre 1918.
24 mars 1919 – Leroux Pierre Juste Amédée. Sous-lieutenant au 208ème régiment d'infanterie. Tué par blessures de guerre à Pont Saint Mard (Aisne) le 24 août 1918.
6 juillet 1919 – Dubuc Joseph. Soldat au 8ème Génie, 2ème compagnie. Décédé à l'hôpital complémentaire numéro 2 d'Evreux.
6 août 1919 – Boismare Edmond Baptiste Adolphe. Soldat à la 3ème compagnie. Décédé sur le champ de bataille à Bazancourt (Marne) le 7 octobre 1918.
7 août 1919 – Levasseur Gaston. Caporal au 28ème régiment d'infanterie, 6ème compagnie, classe 1913. Décédé des suites de blessures de guerre à l'ambulance de Beaurieux (Aisne) le 20 octobre 1918.
5 novembre 1919 – Fontaine Louis Albert. Soldat au 55ème régiment d'infanterie, compagnie mitrailleur, classe 1898. Décédé par suite de blessures de guerre à Sébaucourt (Aisne) le 13 octobre 1918.
20 mars 1920 – Barbé François Marie. Soldat au 319ème régiment d'infanterie, 20ème compagnie. Décédé à Amiens (Somme) le 14 décembre 1914.
26 mai 1920 – Monbailly Emile Louis Désiré. Adjudant au 224ème régiment d'infanterie. Disparu. Décédé aux armées, à Laffaux (Aisne) le 1er juin 1917.
11 août 1920 – Leduc Elénor Eugène. Soldat au 224ème régiment d'infanterie. Décès survenu aux armées, à La Neuville (Marne) le 14 septembre 1914.
28 décembre 1920 – Andrieu Jules Léon. Soldat au 9ème régiment de marche de zouaves. Décédé à Maisons de Champagne (Marne) le 27 septembre 1915.
19 juillet 1922 – Piton Armand François Edouard. Chef de brigade de gendarmerie à cheval, 3ème légion de gendarmerie, prévôté de la 53ème division d'infanterie. Décédé à Grivy Loisy (Ardennes) le 27 octobre 1918.
Le 1er mars 1920, la municipalité approuve à l'unanimité la délibération de la commission administrative du Bureau de Bienfaisance allouant à l'Association des Mutilés de Guerre du canton de Bourgtheroulde, une subvention de cent cinquante francs.Le 24 novembre 1921, à dix heures, a lieu l'inhumation du soldat Fontaine, mort au champ d'honneur, rapatrié aux frais de l'état. Il repose dans le terrain concédé à perpétuité dans le cimetière pour la sépulture des soldats morts pour la Patrie.En juin 1928, un entourage est installé dans le cimetière autour des tombes des soldats morts pendant la Grande Guerre. Les Anciens combattants contribuent à son édification. En juillet, un projet est présenté pour ériger une croix avec inscription des noms des soldats. Les inscriptions du monument sont enduites de dorure en juillet 1935 à la demande d'un conseiller municipal.